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"Montre-moi tes outils, je te dirai qui tu es."

mercredi 17 juin 2015

Quand je vous dis que les pompiers sont conservateurs

Source : site web du SDIS 77


Récemment, j'ai reçu une publicité - comme nous en recevons tous dans notre cadre professionnel - pour un fabricant d'échelles à main. Ou plutôt, devrais-je dire, pour des "
échelles portable à l'usage des services d'incendie" comme me l'y incite la norme NF EN 1147:2010 (je sais, cela fait toujours bien). Ou tout simplement des "échelles" comme l'indique le Règlement d'Instruction et de Manœuvre des sapeurs-pompiers communaux de 1978 (quatrième partie - chapitre premier).Enfin, toujours est-il que le dépliant en question faisait référence, pour démontrer la qualité du matériel, à la conformité à la norme déjà évoquée (NF EN 1147:2010), sans citer le millésime, et à la Note d'Information Technique (NIT) n° 331.
Les plus sourcilleux d'entre vous me diront bien que "les NIT n'existent plus !"
En effet, le 6 août 2009, le Ministre de l'Intérieur écrivait à tous les directeurs de SDIS pour les informer que, suite à une décision de justice européenne ayant condamné l'Allemage et afin de ne pas faire obstacle à la libre concurrence des marchandises, les NIT étaient supprimées :



 Oui, mais. 
Aujourd'hui, il subsiste encore une NIT : la fameuse NIT 330 !
Pour s'en convaincre, il suffit d'aller voir ici. Cette NIT a elle-aussi pour titre : "Echelles portables à l'usage des services d'incendie et de secours".


Source : site web du SDIS 77
Non, ce qui m'étonne un peu plus dans cette publicité, c'est la référence à la préconisation par le Ministère de l'Intérieur.
Ces préconisations, qui fixaient une liste de références de produits réputés conformes aux NIT, étaient arrêtées par la "Commission des équipements de sécurité civile", créée en 1996.
Source : site web du SDIS 77
La préconisation était elle-même la continuité du principe des "équipements recommandés" par la Direction de la Défense et de la Sécurité Civile... Vous ne vous en souvenez peut-être plus, mais les plus anciens se rappellent sans doute des petits drapeaux tricolores dans leurs bottes.
Le problème, c'est que ladite commission a été supprimée en 2009 et que la dernière version de la liste

des équipements préconisées date de 2008.

Quand je vous dis que les sapeurs-pompiers sont conservateurs ! Les industriels aussi !




vendredi 24 février 2012

"Et vous, mon capitaine, vous savez ce que c'est un DSP ?"

 Amis historiens, je ne résiste pas à la tentation de vous poser une petite question, anodine en apparence, mais un peu plus complexe qu'elle n'y parait : savez-vous ce que veulent dire le "D" et le "S" du "DSP" qui figure sur les raccords de nos tuyaux ?

Photo de l'auteur

«Trop facile, me diront les esprits les plus prompts à faire ressurgir de leur vaste mémoire des informations laissées là par je ne sais quel instructeur autoritaire lors d'une séance durant laquelle l'absence de pédagogie n'avait d'égal que le caractère soporifique de l'ensemble, trop facile ! Le "D" et le "S" de "DSP" veulent dire "Dubois" et "Spécial", comme dans "Dubois Spécial Paris" !»
A ceux-là, j'ai le regret - et la malice - de dire, droit dans mes bottes : «Hé bien, non !»
Photo de l'auteur
J'entends déjà les plus retors d'entre vous me priant instamment de retourner à mes chères études approfondir tous les sujets que je semble mal maîtriser. Toutefois, laissez-moi, avant de tirer des conclusions trop hâtives, vous conter une petite histoire qui elle-même m'a été racontée par "quelqu'un qui s'y connaît".
Il était une fois, en 1930, deux inventeurs qui firent breveter un raccord voisin du raccord Guillemin, raccord existant à l'époque. Ces deux inventeurs avaient pour nom Delieuvin et Corbaz. Leur raccord avait la particularité d'être destiné aux sapeurs-pompiers car il pouvait s'accoupler et se verrouiller manuellement (c'est-à-dire sans nécessiter l'emploi d'un outil). Monsieur Corbaz déposa, en 1944, un brevet de perfectionnement de cette invention.
Ce raccord, auto-étanche, conçu pour le refoulement de l'eau - et non l'aspiration -, fut par la suite normalisé (NF S 61-704 dont la dernière version date de 1966 puis NF S 61-701 en 2009) et connut un immense succès. Il a la particularité d'être symétrique, c'est-à-dire qu'il est constitué de deux parties identiques et d'être équipé d'une bague de verrouillage. Ces deux dernières caractéristiques justifient d'ailleurs, au sens de la norme NF S 61-701:2009, que l'on puisse nommer chaque moitié du raccord, un demi-raccord.
Vous comprenez donc pourquoi ce raccord fut nommé : "Delieuvin Symétrique Paris" ou "DSP" (page 56 du RIM, édition du 3 janvier 2010).
Il a existé et il existe encore en bronze, en alliage d'aluminium (AU 5GT dans le RIM) ou en matière plastique.
Photo de l'auteur
Il semblerait que la société Dubois, fabricant de matériel de lutte contre l'incendie, aurait détourné l'appellation "Delieuvin Symétrique Paris" pour le renommer "Dubois Spécial Paris" (on parle même parfois de "Dubois Sapeurs Pompiers"), mais quant à moi, je n'en ai aucune preuve. Toujours est-il que le RIM parle de : "raccords symétriques auto-étanches pour le refoulement D.S.P (DELIEUVIN SYMETRIQUE PARIS, souvent appelés DUBOIS SPECIAL PARIS) de 40 et 65".
Dernière précision : même si les termes "mâchoire" et "oreille" sont autorisées par la norme NF S 61-701:2009, on préférera parler de "demi-coquille" pour désigner les deux parties du demi-raccord qui servent à assurer la liaison avec l'autre demi-raccord (le terme de "tenon" est quant à lui utilisé dans le RIM).
La prochaine fois, je vous expliquerai pourquoi, à côté de ce "DSP" fleurit depuis quelques temps un "PN 25" sur nos raccords. Ah bon, vous ne l'aviez pas remarqué ?

Photo de l'auteur


lundi 13 février 2012

VL d'exception (3) : le joyeux Hummer

Ce n'est pas la crise pour tout le monde !
Après Volvo et Porsche, une nouvelle marque fait son entrée dans notre catalogue imaginaire des VL de rêve : Hummer.

Photo "Fire-Engines-Photos"
Cette marque américaine, synonyme de puissance, de surconsommation de carburant... et, il faut l'admettre, un peu de bling-bling, a acquis sa réputation sur les champs de bataille du Koweit, lors de la première guerre du Golfe.
Hummer, marque du groupe Général Motors, est la version "civilisée" du Humvee ou HMMWV (High mobility multipurpose wheeled vehicle : véhicule à roues multi-usages de haute mobilité).

Photo "atl.nu"
Comme les sapeurs-pompiers ne sont pas à une incohérence près, c'est en Suède, la patrie de naissance de l'écologie, et plus particulièrement à Svedala, que nous avons trouvé, chez des collègues, une version incendie du Hummer H3.
La version de base de cet engin est à près de 40 000 €.
A noter, pour la petite histoire, que, suite à la crise économique, la marque Hummer a aujourd'hui disparu, la dernière Hummer H3 étant sortie des usines le 24 mai 2010.
J'ai trouvé la trace de cette voiture sur le site Fire-Engines-Photos, un site de premier intérêt pour les amateurs de véhicules d'incendie, étrangers notamment.

lundi 18 juillet 2011

Un camion de pompiers, héros de blockbuster


Dans le dernier opus de la saga "Transformers", "Transformers 3 : La Face cachée de la Lune", un des personnages principaux du film, Sentinel Prime, prend les traits d'un véhicule d'aéroport Rosenbauer, le Panther 6x6.
Photo de l'auteur
Aux Etats-Unis, cet engin rentre dans la catégorie des ARFF Vehicles pour Aircraft Rescue and Firefighting Vehicles (en français : véhicules de secours et de lutte contre l'incendie dans les aéronefs), tels que les définit l'Administration Fédérale pour l'Aviation (Federal Aviation Administration ou FAA).
Photo Rosenbauer

En France, ce camion spécialisé dans la défense des aéroports porte le doux nom de Véhicule d'Intervention Mousse (VIM) selon la réglementation relative aux Services de Sauvetage et de Lutte contre l'Incendie des Aéronefs sur les aérodromes (SSLIA).
Le Panther, que ce soit dans sa version 6x6 ou 8x8, a été successivement la vedette du stand Rosenbauer sur les salons internationaux "Interschutz" de Hannovre (2005) et Leipzig (2010).
Il faut reconnaître que ses caractéristiques sont plutôt phénoménales :
  • Moteur MAN avec, selon les versions, une puissance maximale de 1 000 chevaux DIN ;
  • En en version 6x6 : vitesse de pointe 115 km/h, de 0 à 80 km/h en 31 secondes ("selon les options" sic) ;
  • En version 8x8 : vitesse de pointe 135 km/h, de 0 à 80 km/h en 25 secondes ("selon les options" également).
Pour ce qui concerne le film (que j'avoue piteusement ne pas avoir vu), notre Panther Rosenbauer campe le personnage de Sentinel Prime, un chef Autobot, théoriquement donc un gentil, mais en fait un méchant, mais là je n'ai pas tout compris !
Selon le site Rosenbauer America, la firme Hasbro escompte vendre 300 millions d'unités du jouet à l'effigie de ce camion de pompiers.
Le véhicule utilisé pour le tournage, fabriqué dans le Wyoming, a été repeint pour l'occasion, les vitres ont été teintées et les éclairages ont été modifiés. Il reste pour l'heure la propriété de la firme Rosenbauer.
En bonus, je vous propose une petite vidéo en stop motion trouvée sur Youtube et proposée par Jawsify.
Si seulement l'aménagement de nos engins était aussi astucieux que les transformations de ce jouet...

vendredi 24 juin 2011

L x l x h

Dilemme classique : qui de la poule ou de l'oeuf est venu le premier ?

Dans notre profession, on peut trouver un exemple d'application de ce dilemme : doit-on adapter les rues à la taille de nos engins ou plutôt l'inverse ?

Photo de l'auteur
 Les SDIS doivent-ils se "contenter" des poids-lourds disponibles sur le marché ou les marques doivent-elles plutôt tenir compte des exigences des services d'incendie avant de concevoir leur gamme ?
Formuler d'une manière un peu différente - et plus polémique -, on peut aussi s'interroger sur les raisons qui poussent les services techniques à acheter des camions plus gros que ce que peuvent supporter les chaussées de nos communes ?

Photo de l'auteur

Eh bien, bizarrement, la réponse se trouve dans la notion de durée d'amortissement, mais cela nous le verrons plus tard.

Avant tout, revenons à notre poule et à notre oeuf. Ou plutôt à notre concessionnaire poids-lourds, à notre camion et à notre route.
En fait, il existe une relative cohérence entre les règles applicables aux dimensions :
  • des Fourgons Pompes-Tonnes (FPT) normalisés mis en service par les SDIS dans la norme NF S 61-515:2006 ;
  • des châssis de FPT commercialisés "nus" par les grandes marques européennes (DAAF, Iveco, MAN, Mercedes, Renault Trucks, Scania, Volvo, etc.) dans l'article R. 312-10 du Code de la Route ;
  • des voies utilisables par les engins de secours (appelées voies-engins) sur lesquels circulent ces fourgons pompes-tonnes dans l'article CO 2 du règlement de sécurité (arrêté du 25 juin 1980 modifié, pour cet article, par l'arrêté du 10 octobre 2005).

Le tableau ci-dessous compare les prescriptions de ces trois sources :

De ce tableau, on peut conclure que :
  • Les châssis les plus larges du commerce peuvent être carrossés en fourgons pompes-tonnes ;
  • Le plus haut FPT normalisé est 20 cm plus petit que les plus petits ponts ou tunnels d'une voie-engin ;
  • Le lien entre la longueur maximale d'un FPT (7,80 m) et le rayon intérieur minimal des "virages" de voies engins (11 m minimum) n'est pas aussi aisé que cela à mesurer car il dépend du rayon de braquage de chaque engin qui est lui-même propre à chaque modèle. On peut toutefois prendre en complément les prescriptions de l'article 5.2.1.3 de la norme NF EN 1846-2:2009 qui impose pour les véhicules urbains de moins de 16 tonnes un diamètre de braquage entre murs inférieur ou égal à 17 m.
L'harmonisation entre les dimensions des camions standards, des engins d'incendie et des voies échelles, même si elle n'est pas parfaite, est donc bel et bien réelle.

Photo de l'auteur

Mais alors, pourquoi les FPT mis en circulation aujourd'hui ont-ils une masse en charge proche de 15 tonnes, voire pour certains,  de 16 tonnes alors que la plupart des voies-engins supportent une masse maximale de 13 tonnes ou exceptionnellement de 14 tonnes ?
C'est un problème de durée d'amortissement. La durée d'amortissement, c'est la durée durant laquelle une collectivité conserve un bien acquis en investissement. Pour les FPT, cela varie d'un SDIS à l'autre, mais la durée d'amortissement est comprise globalement entre 15 ans (pour les plus chanceux) et 25 (pour les autres).
Or, comme les rues sont traçées, construites et aménagées pour des durées bien plus longues (ce qui n'est pas illogique, surtout si l'on considère certains centres-villes historiques qui datent du moyen-âge), la majeure partie des voies-engins sur lesquelles nos engins circulent datent d'une époque où l'on ne parlait pas encore de FPT mais plutôt de PS Hotchkiss ou Laffly (forcément plus légers). La réglementation relative aux voies-engins (passant récemment de 13 à 14 tonnes) évolue donc naturellement moins vite que les gammes commerciales de poids-lourds proposées par les constructeurs. Le délai de mise à niveau des chaussées existantes est quant à lui encore infiniment plus long.
De là naît notre dernier dilemme, faut-il acheter des poids-lourds du commerce ou essayer de réussir à tout prix à carrosser un FPT de moins de 13 tonnes ?

mardi 21 juin 2011

VL d'exception (2) : la VLM Porsche Cayenne de Stuttgart

Le SUV (pour Sport Utility Vehicle ou, en français, véhicule utilitaire sportif) a la cote chez les sapeurs-pompiers ! Après le Volvo XC 90 (qui est classé en crossover par la marque... mais entre SUV et crossover, la distinction n'est pas toujours aisée), je vous propose, dans la série des VL d'exception, la VLM Porsche Cayenne des collègues de Stuttgart.
Voilà encore un véhicule qui va en rendre plus d'un jaloux (notamment parmi nos collègues infirmiers et médecins) !
Photo Jochen Thorms
Il est certain que le fait que l'usine Porsche soit implantée depuis toujours à Stuttgart et que la marque ait largement contribué à rendre cette affectation possible n'y est pas pour rien, mais bon, il reste toujours qu'une voiture à plus de 59 284 € (valeur tirée du configurateur internet Porsche), cela peut faire rêver dans ces temps de crise.
On notera également le silhouettage résolument moderne avec différents stickers orange fluorescent (de teinte RAL 3024, ce qui est très classique en Allemagne) sur base de carrosserie blanche, le graph d'électrocardiogramme stylisé et les mentions "feuerwehr" (sapeurs-pompiers) et "notarzt" (médecin d'urgence).
La légende raconte que le corps des sapeurs-pompiers de Stuttgart en possèdent deux et que le chef de corps se serait plaint de ne disposer que d'une BMW en tant que véhicule de service...

mardi 14 juin 2011

La norme sur les "vêtements de protection pour sapeurs-pompiers" en enquête publique

Il ne reste plus que quelques jours pour consulter et commenter, sur le site internet des enquêtes publiques de l'AFNOR, le projet de révision de la norme européenne relative aux "vêtements de protection pour sapeurs-pompiers".

Photo de l'auteur

Cette norme, la NF EN 469, dont la version en vigueur date de 2005, est en effet en cours de révision.
Le premier intérêt de participer à cette enquête publique - comme c'est également le cas pour toutes les enquêtes publiques -, c'est d'avoir accès au texte intégral du projet de norme. Certes, il est probable que certains articles soient modifiés - sinon l'enquête ne servirait à rien -, mais la trame de fond restera la même.

Ensuite, donner son opinion sur un projet de norme, aussi futile et inopportune soit cette opinion, c'est la seule manière de s'autoriser par la suite à dire : "Cette norme, c'est vraiment n'importe quoi !" ou bien encore : " Qui a pu écrire de telles âneries !".
Pour ce qui concerne la norme en question, la NF EN 469, il convient de préciser qu'il s'agit de LA norme spécifique aux sapeurs-pompiers. Elle définit en effet les exigences et les méthodes d'essai pour les tenues que l'on appelle communément les "tenues textiles" ou "tenues de feu".
Parmi les modifications marquantes qui devraient caractériser ce millésime 2011 et qui figurent à l'annexe B du projet accessible sur le site de l'AFNOR, on peut noter:
  • la suppression des essais dits physiologiques qui étaient sensés permettre de vérifier que les contraintes apportées par ces tenues étaient acceptables mais qui étaient très coûteux, très difficiles à mettre en oeuvre et peu significatifs ;
  • la suppression des essais sur l'article d'habillement complet avec estimation des blessures par brûlures (cet essai qui permet de simuler un embrasement généralisé éclair et de vérifier ensuite les surfaces du corps qui auraient brûlées si un sapeur-pompier avait été réellement impliqué dans l'accident - et d'en déduire les chances de survie - a sans doute été ôté de la norme, malgré tout l'intérêt qu'il présente car peu de laboratoires peuvent, comme le "Thermoman" de Nomex à Genève, le proposer) ;
Photo de l'auteur
  • L'augmentation des exigences relative à la résistance évaporative (la "respirabilité" pour faire simple).

Photo de l'auteur

Pour ce qui concerne une spécificité bien française, il faut également noter que le niveau le plus faible de protection, le niveau 1, retenu par de nombreux SDIS notamment au niveau des jambes, est maintenu.